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Vlassios I. Pheidas

DROIT CANON - Une Perspective Orthodoxe

ANALECTA CHAMBESIANA 1 - Institut de Theologie Orthodoxe d'Etudes Superieures. Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecumenique Chambesy, Geneve 1998.



I. SOURCES, CONTENU ET ESPRIT DU DROIT CANON

1. Sainte Ecriture et Tradition sacrée

Le mystère de l'économie divine en Christ est une source constitutive du droit canon, parce que l'incarnation du Christ est l'acte constitutif de l'Eglise qui se manifeste dans le monde comme la prolongation du corps du Christ, comme l'extension de la "plénitude de Celui qui remplit tout en tous" (Eph 1,23). Par conséquent, une approche purement canonique de cette question n'est pas possible, si ïn fait abstraction, d'une part, du mystère de l'incarnation du Christ et, d'autre part, du mystère de l'Eglise; en d'autres termes, en dehors de la christologie et de l'ecclésiologie orthodoxes. Ceci, parce que le mystère de l'incarnation du Christ, qui complète la création divine et se prolonge dans le mystère de l'Eglise, est à la base de toute anthropologie chrétienne. Le Christ dans son humanité récapitule l'humanité tout entière, qui, par l'incarnation, devient Corps du Christ.

Ainsi, le Verbe incarné n'est pas simplement un homme dans l'humanité, mais l'Homme qui porte en son corps l'humanité tout entière. C'est pourquoi, la communauté ecclésiale, s'identiféant par l'action de É'Esprit Saint à l'unique "Corps du Christ", manifeste le contenu authentique de toute spiritualité chrétienne par sa participation à l'expérience sacramentelle de l'Eglise, qui désigne les limites du corps ecclésial et la source de sa vie. C'est là le "canon fondamental" de la tradition canonique de l'Eglise. Par consequent, dans la tradition canonique, l'expérience d'appartenir à l'unique Corps du Christ n'est pas simplement une des sources, mais la seule source de la vie et de la spirtualité chrétiennes. D'ailleurs, la vie du Corps du Christ est exclusivement celle que le Christ lui donne, parce que le Christ, se prolongeant dans son Eglise, fait tout par son Eglise, comme l'Eglise, étant en Jésus Christ, fait tout avec Jésus Christ.

Él est évident que dans cette vie du Corps du Christ participent tous les membres du corps ecclésial, parce que ce corps ecclésial est considéré comme un corps organique, dans lequel "à plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, étant tous membres les uns des autres, chacun pour sa part" (Rm 12,5). La variété des membres et la diversité de leurs ministères (clercs, laïcs) dans le corps ecclésial ne rompent d'aucune façïn l'unité et, l'unicité du corps, étant donné que "nous avons plusieurs membres en un seul corps et que ces membres n'ont pas tous la même fonction " (Rm 12,4). C'est ainsi que la personne et l'œuvre du Christ modèlent la vie spirituelle des chrétiens, parce que Jésus Christ lui même a demandé à ses Apôtres, à savoir a l'Eglise, d'apprendre à toutes les nations "à garder tout ce que je vous ai prescrit " (Mt 28,20). Cet enseignement de 1'Eglise s'exprime dans l'histoire du salut par la continuité de la tradition apostolique dans la vie du corps ecclésial, qui doit être gardée pure de toute déviation historique et de toute altération de son contenu. C'est là la base aussi bien de la théologie dogmatique que de la tradition canonique.

Les canons constituent une source fondamentale du droit canon, car ils donnent le témoignage le plus authentique à la fois des questions ecclésiastiques survenues à différentes époques et de la façïç dont l'Eglise y a fait face. Cependant, l'évaluation des canons en tant que sources du droit canon présuppose non seulement l'enseignement et toute l'œuvre salvatrice du Christ, mais aussi une prise de position objective quant à la mission de l'Eglise, quant au caractère éminemment spirituel et l'objectif historique précis des canons. Autrement dit, il importe de distinguer entre, d'une part, les conditions historiques et le matériau historique qu'ils contiennent et, d'autre part, la conscience de l'Eglise manifestée dans ces canons pour affronter les questions chaque fois posées, en raison d'une mauvaise compréhension patente du contenu de la révélation en Christ. Cette distinction est difficile à opérer, car la conscience de l'Eglise se manifeste dans les canons en corrélation historique et morphologique avec les problèmes précis auxquels celle-ci est confrontée et avec les conditions de chaque époque.

Ce n'est que par la recherche objective, basée sur la méthode historico-génétique des canons, qu'il soit possible de faire la distinction entre le contenu historique des canons et la conscience spirituelle de l'Eglise manifestée dans ces canons. Pour parvenir à cet objectif, il faut cependant procéder à une évaluation spécifique des canons par rapport aux autres sources de l'histoire de l'Eglise et prendre en considération certains présupposés ecclésiologiques fondamentaux, sans lesquels il serait impossible d'interpréter correctement les canons. Certes, la tradition canonique de l'Eglise constitue une perspective pastorale du contenu entier de la vérité de foi, car le contenu de la tradition canonique officiellement formulée présuppose la possession par l'Eglise de la plénitude du contenu de la révélation divine.

D'ailleurs, c'est sur une base christocentrique solide que doit se fonder toute formulation canonique et celle-ci doit être appliquée sous la conduite sûre du Saint Esprit dans la vie de l'Eglise. Él semble donc évident que les canons doivent se trouver en accord ïu rapport authentique avec l'esprit de la source fondamentale de la révélation en Christ, à savoir l'Ecriture Sainte et la Tradition sacrée qui constituent aussi les sources fondamentales, directes et indirectes, du contenu christocentrique de la tradition canonique tout entière. Néanmoins, en ce qui concerne la Tradition sacrée (patristique, liturgique, sacramentelle, coutumière, etc.), je ne juge pas nécessaire de procéder à un examen plus détaillé ni d'évaluer a quel point la tradition canonique en depend, étant donné que la tradition canonique en fait partie intégrante et organique.

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