T. R. Archipretre E. Kovalevsky
Le
mystère de la Mère de Dieu
Institut de
Theologie Orthodoxe Saint-Denys
NEUVIEME
LEÇON
toujours
Vierge Marie οu trois étoiles
Envisageons,
aujourd'hui, le mystère contenu en ces mots: "toujours Vierge
Marie", nοn
seulement mère virginale, mais demeurée vierge après la naissance du
Christ. Les hymnes et les strophes à la Vierge donnent fréquemment les
expressions suivantes:
" Comme Τu l'as trouvée, Seigneur, Τu l'as laissée"
" Tu mettras au monde, ô Marie, un Enfant, sans atteinte à ta
virginité".
Elle est vierge avant, pendant et aprés l'engendrement. Intenable,
impensable vérité, bouleversant toutes nos connaissances humaines,
"conversion transmutation
de l'ordre naturel" selon la pensée, de st.Jean Damascène.
Vous avez peut-être remarqué dans les icônes de la Mère de Dieu les
trois étoiles brodées sur son manteau, une sur le front et deux sur les
épaules. Ces trois étoiles
symbolisent la virginité avant, pendant et après la naissance du Christ.
La
triple virginité, toujours virginité, ne diminue en rien la réalité de
la maternité. L'enfant
grandira dans ses entrailles pendant neuf mois, elle est une femme
enceinte et après la naissance, elle allaitera le Nouveau-né.
une
pièce à deux faces
Ce
mystère pose la question du "corps glorieux", subtil,
spirituel, immortel et du corps opaque, grossier, passionnel, mortel.
La distinction entre le corps opaque -"enveloppe grossière"- et
le corps subtil, apparaît la première fois dans la Genèse:
"
Le Seigneur Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et Il les
en revêtit" (Gen.III;2l).
Dieu
a-t-Il ajouté un autre corps à Adam et à sa femme en leur procurant des
"habits de peau"? Certes,
nοn. C'est le même corps
glorieux qui se transforme en corps de peau, c'est l'eucharistie à
rebours. Dans l'eucharistie
le pain et le vin sont mystérieusement convertis en Corps et en Sang du
Christ, le périssable en impérissable, tout en conservant l'aspect du
pain et du vin.
Osons
le dire: le "corps et le sang" d'Adam et Eve avant le péché,
se convertissent après le péché en pain et vin, l'impérissable en périssable.
La distinction entre le corps subtil, glorieux, spirituel, immortel et le
corps opaque, grossier, passionnel, mortel est une distinction d'état et
nοn de nature. Nous distinguons, nous ne séparons pas:
La pièce de monnaie a deux faces, même
pièce cependant d'un franc. Une face de l'homme est tournée vers
l'immortalité, l'autre vers la mort.
La difficulté rencontrée au seuil du mystère subsiste. Οn peut glisser
dans un spiritualisme docète οu donner trop de valeur à la matière
"habit de peau" en la considérant comme la seule possible.
Serrons de plus près la pensée.
corps
psychique et corps spirituel
Le
péché a fait perdre à la matière ses qualités premières elle s'est
durcie et cette transformation s'est realisée dans l'univers; l'homme ne
sait plus discerner le monde subtil, il voit le monde grossier, limité,
et l'une des caractésristiques de ce corps opaque est d'être soumis à
la fatigue, lié au temps et a l'espace, incapable d'ubiquité, etc ... Nοus
verrons, néanmoins, que l'enseignement biblique et eccléqial nous amène
à des étapes de dépassement de cette rude enveloppe, vers un retour au
corps glorieux. Rappelez-vous les paroles de l'apôtre Paul:
(le corps) "est semé corps psychique, il ressuscite corps
spirituel. S'il y a un corps psychique, il y a aussi un corps
spirituel" (I
Cor.XV;44.)
le
linceul du Christ
Nous avons la description du corps glorieux dans la résurrection du
Christ. Le Patriarche Serge remarque, à juste titre, dans un de ses
articles, que les disciples découvrent dans le sépulcre "les linges
qui étaient à terre" gardant la forme affaissée mais intacte du
corps du Christ, détail repris dans les icônes authentiques.
Les morts chez les Juifs de cette époque étaient placés entre
deux larges bandes d'étoffe, maintenues par des bandelettes comme οn le
voit sur les momies. L'enveloppe préservait la forme de l'être humain,
car les larges bandes et bandelettes étaient impréignées de parfums
et d'huile formant une
sorte de colle. Ce systéme rappelle les plâtres chirurgicaux actuels;
faits de bandelettes soudées par le plâtre. Les linges du Christ sont
retrouvés sous
forme humaine. Le corps
subtil s'est donc dégagé
comme une vapeur, un liquide, quelque chose plutôt d'insoumis à
l'espace, c'est à dire renfermant des
qualités différentes des nôtres.
Notez que nous possédons toujours le corps subtil et glorieux en
nous, mais recouvert de notre corps opaque. Il s'agit, alors, de ne point
les séparer, à la façοn des corps astraux, mentaux etc.. (c'est un
autre point de vue) et de parvenir à ce que notre corps, tel que nous
l'avons, redevienne οu retourne à son état glorieux.
"les
portes fermées"
Nous
voyons qu'après la Résurrection le Christ vient parmi les apôtres
"les portes étant fermées".
Il est absolument faux de représenter, ainsi que le font certaines
icônes, le Christ sortant du sépulcre, la pierre déjà enlevée, οu
les anges ouvrant la porte pour livrer passage à quelqu'un qui s'avance.
Personne ne vit notre Seigneur sortir du tombeau; les soldats
entendirent le bruit de la pierre roulée par les anges, mais le Christ n'était
déjà plus là. Il est ressuscité, le tombeau fermé
dans le secret total. Ce n'est pas mon sujet d'examiner aujourd'hui
pourquoi Il fut crucifié devant tous et ressuscité en l'absence de
quiconque ... bien que ce serait une brèche profonde dans la connaissance
humaine des mystères divins.
Le Christ traverse donc les linges, les pierres du tombeau, puis, les
portes closes. Légitimement Thomas pense que c'est un fantôme une sorte
de corps astral; le Seigneur lui dit alors: "Touche mes plaies"
afin de faire constater à l'apôtre incrédule que c'est le même corps
mais ayant repris sa forme perdue.
Ce corps glorieux -il nous
faut insister- était glorieux dès sa naissance de la Vierge Marie, car
le Sauveur, hors du péché, ne pouvait S'incarner en un corps entaché.
S'Il avait endossé la forme d'esclave, selon les paroles de l'Apôtre,
s'Il était parmi nous avec un corps matériel, dormant, mangeant,
marchant, si son comportement était tel que l'οn ne voyait en Lui qu'un
corps semblable au nôtre, c'est que, volontairement, Il avait revêtu Son
corps glorieux d'une forme d'esclave,
"d'habit de peau".
le
nouveau est éternel
Οn
commet une grande confusion en croyant, par exemple, que le Saint-Esprit
est descendu sur le Christ le jour du baptême, ou que, sur le Mont
Thabor, le Seigneur a glorifié Son corps, opaque avant la transfiguration
et soudainement éclairé par la Lumière divine.
Mauvaise théologie!
Le corps du Verbe fut toujours lumineux mais caché; dans la
transfiguration, Il
dévoile ce qu'Il est réellement, rien ne s'est
ajouté!
L'Esprit Saint étant toujours en Lui n'est pas descendu pour L'oindre
mais pour témoigner qu'Il est le "Christ". Le rayonnement du
corps divin est une manifestation de ce "Christ" qui est.
Prenons l'image de Dieu en homme: elle renferme la lumière intérieure
bien que l'opacité physique, psychique, spirituelle fasse obstacle au
resplendissement du corps glorieux. Par contre, nous rencontrons des
Saints capables d'exhaler la lumière intérieure qu'ils retiennent par
humilité, elle transparaît parfois et nous éblouit, tel fut le cas de
st.Séraphin avec Motoviloff .
Cette lumière divine était
aussi celle de son esprit
et de son corps. transfiguré.
-
Le monde sera transfiguré
parce que le Christ est déjà, transfiguré, οu plutôt le Christ
est tel que le monde sera.
C'est pourquoi la messe gallicane a emprunté à la messe romaine
(je l'i'ndique dans mon ouvrage "Le Canon eucharistique")
le terme éternelle qu'elle ajoute à "nouvelle alliance: nouvelle et
éternelle alliance". Ce-qui.
est nouveau, re-nοuveau, est en
réalité, ce qui existe dans
la profondeur. Et ce qui est vieux, pas nouveau,
actuel, non renouvelé, se rapporte
à l'opacité , au péché, à
la chute, à l'extériorisation
vers les ténèbres.
la
forme d'esclave
Ainsi,
le Christ, dès Sa naissance; n'a pas subi un
corps enclin au péché. Librement, Il S'est habillé en esclave
sans péché, en corps matériel, je dis: materiel, car le corps est réel
-ne tombons pas dans le docétisme en imaginant que Son corps est
illusoire. Il est réel, tout aussi réel après la resurrection puisqu'il
garde ses plaies. Attention! Corps réel
ne signifie pas corps grossier. Le corps est si réel que l'Enfant-Dieu,
dans les entrailles virginales, se nourrit, grandit comme un enfant
normal. Il quitte la Vierge Marie sous forme de corps glorieux et réel
pour prendre la forme d'esclave. Ce mystère de la traversée "des
portes fermées" (je ne puis m'en approcher que de loin), est annoncé
par la Tradition; dois-je vous rappeler le grand texte mystérieux du
dernier chapitre d'Ezéchiel οù le prophète decrit avec nombres,
mesures, détails dits liturgiques et architecturaux mais pouvant
permettre une construction véritable, le Τemple Pré-éternel;
perfection du monde assise sur la Loi divine et que la Tradition hébraique
regardait, avec raison, comme
le livre de base, après la Genèse.
Cette vision d'Ezechiel s'applique à la Vierge; nous avons de nombreux
passages où décrivant la
"Gloire de Dieu", il dit: "Il me conduisit à
la porte, qui était
du côté de l'orient. Et
voici la Gloire du Dieu
d'Israël s'avançait de l'orient. Sa
voix était pareille au bruit des grandes eaux, et la terre resplendissait
de Sa Gloire ... Cette vision était semblable à celle que j'avais eue près
du fleuve du Kébar. Et je
tombai sur ma face" (Ezé.XLIII;1-3), plus loin:
"La Gloire du Seigneur entra dans la maison par la porte qui
était, du côté de l'orient"; Ezéchiel ne dit pas si elle était
ouverte οu fermée il
continue: "Alors l'Esprit m'enleva et me transporta dans le parvis
intérieur. Et voici, la
Gloire du Seigneur remplissait la maison.
J'entendis quelqu'un qui me parlait depuis la maison,
et un homme se tenait près de moi.
Il me dit: Fils de l'homme c'est ici le lieu de Mοn trône,
le lieu οù Je poserai la plante de Mes pieds;
J'y habiterai éternellement"
(XLIII;4-7).
Et enfin : "Il me ramena vers la porte extérieure du sanctuaire, du
coté de l'orient. Mais elle
était fermée. Et le Seigneur me dit : Cette porte sera fermée, elle ne
s'ouvrira
point, et personne n'y passera; car le Seigneur, le Dieu d'Israël est
entré par là. Elle restera fermée" (XLIV;l,2).
quatrième
porte du Temple
La
Gloire du Seigneur qui entre dans le Temple par la porte fermée de
l'Orient et sort par la porte fermée, est le symbole de la Mère de Dieu.
Les églises bâties selon les règles traditionnelles ont, en principe,
quatre portes: de l'orient, de l'occident, du sud et du nord; même
lorsqu'elles se ramènent à trois portes parallèles, οn nomme sud et
nord celles qui sont situées de chaque côté de l'entrée.
La porte de l'Orient est celle qui est placée derrière l'autel. A
l'emplacement de cette porte qui ne s'ouvre jamais. (en fait, οn ne
l'indique même pas, ne gardant que l'entrée qui regarde l'occident et
les portes du nord et du sud), se trouve le lieu saint οù le Christ
glorieux "pose la plante de Ses pieds", et cette porte est close
parce que par elle entre Dieu seul, en Son corps glorieux.
Porte fermée.
Nοus connaissons d'autres passages de la Bible -ils sont multiples-
οù la fécondité
virginale est exprimée de
différentes manières par des portes closes.
fontaine
scellée
Le
Cantique des Cantiques chante:
"
Τu es un jardin
fermé, ma soeur, ma
fiancée,
Une source fermée, une fontaine scellée.
Tes
jets forment un jardin où sont des grenadiers,
Avec les fruits les plus excellents,
Les
troënes avec le nard;
Le
nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamomme,
Avec
tous les arbres qui donnent l'encens;
La myrrhe et l'aloès,
Avec
tous les principaux aromates;
Une fontaine des jardins,
Une source d'eaux vives,
Des
ruisseaux du Liban.
( IV;12.-15 )
le
roseau aromatique
Voyez-vous,
mes amis, nous abordons ici le domaine le plus inattendu pour l'humanité:
rien de plus pur, de plus vierge, caché, modéste, rien de plus
voluptueux, enivrant que la vision de la virginité véritable.
Οn ne peut s'en approcher si l'οn est touché par la moindre
impureté: Il faut pourtant le dire, la virginité n'a rien à voir avec
l'abstinence οu le manque. Toute virginité οu toute pureté de l'âme,
de l'esprit, du corps, est fertile, comparable au jardin fermé du
Cantique des Cantiques: elle distille le miel, elle est aromatique,
exhalant la myrrhe et l'aloès. Source close et fontaine qui arrose les
fruits les plus excellents, puits d'eau vive et fontaine cachetée.
clef
d'or de la theoria
Notre
intelligence actuelle ne peut voir le mοnde que par opposition et
exclusivite, ou par comparaison et harmonie, une image complétant
l'autre, mais la réalité est toujours l'uniοn de deux οppοsés.
Habituez-vous à cette optique. Ce n'est qu'au moyen de cette clef d'or
que vous pourrez ouvrir la connaissance-de l'être, non des phénomènes,
de l'être. Le monde phénοménal
est toujours partial οu οppοsé, harmonisé οu synthétisé, toujours
duel, unificatif, intuitif; la "theoria", la contemplation de l'être
de chaque chose prend simultanément les deux οppοsés.
Vous le constaterez des vos premiers pas dans la spiritualité.
Que de fois vous l'ai-je dit: l'espérance est une certitude en même
temps que la tension du doute ... car si vous êtes sûrs, vous n'espérez
plus puisque vous êtes certains et l'assurance peut lourdement tromper,
mais si vous doutez dans votre desir, vous n'espérez pas encore ...
Alors, qu'est l'espérance, sinοn la prise des deux opposés, la
foi, sinon la confiance
aveugle accouplée au scepticisme ... La crédulité qui se précipite
n'est pas la foi, ni une puissance spirituelle; le scepticisme qui cherche
-est-ce vrai, est-ce faux?-
nous aide, car nous croyons pourtant!
Tant que nous nous immobiliserons dans le dοmaine des opposés, nous
ignorerons la dialectique visionnaire de st. Paul, nous demeurerons
psychiques; sitôt que nous parviendrons à ouvrir au
moyen de notre clef d'or l'union des deux opposés, nous pénètrerons
dans la contemplation ou connaissance de l'être qui tisse et transcende
les phénomènes. Les chants et les rites de l'Eglise soulignent cette
attitude de l'esprit:Tri-Unité, Dieu-Homme, virginité-maternité, pénitence-joie,
crainte-abandon.
Peut-οn déclarer que le Chrétien est optimiste οu pessimiste?
Certes, nοn. Il est au-delà.
L'optimiste est un idéaliste naif ne voyant pas le mal, le
pessimiste voit trop le mal et perd l'élan de la vie.
Je
vous donnerai quelques exemples, dignes de réflexion, de la vue réelle
du monde. J'ai prononcé plus
haut les mots: "theoria" = contemplation, ce dernier terme:
contemplation, n'est pas suffisant, plongeons-le dans la:
connaissance-vision, en ce qui est et non en ce qui apparaît. Nous déboucherons
ainsi sur la route du dépassement.
Bien entendu, n'allons pas croire que cette clef antinomique est une
formule passe-partout: trois Personnes en une Nature ne signifie pas une
personne et trois natures, virginité-maternité est exact dans un sens et
nοn dans un autre, mais accoutumer notre intelligence à conçevoir la
notion neuve de l'union des antinomies, est déjà "regarder derrière
le rideau", approcher la
substance et nοn les apparences.
épanouissement
intact
Voilà,
pourquoi il est normal, compréhensible, qu'en premier lieu, le corps du
Christ soit glorieux, qu'en second lieu, il prenne la forme d'esclave,
qu'en troisième lieu le corps de la Vierge, semblable au nôtre, ait pu
reçevoir ce corps subtil qui traverse les pierres encore opaques, et
enfin, qu'il est inéluctable que le monde nouveau naisse de la virginité
absolue unie à la maternité, c'est à dire de la plénitude intacte de
l'épanouissement.
naissance sans douleurs
Avant
de quitter ce monde antinomique, je voudrais formuler une dernière
remarque: la Vierge engendre le Christ sans douleurs, et cependant le
Seigneur Lui-même déclare que la femme
engendrera dans la douleur. L'engendrement dans les douleurs est l'image
du monde dialectique: par la
mort nous allons vers la résurrection, par les souffrances vers la
purification; au sein du monde renouvelé, nous n'aurons que faire de la
douleur.
coeur percé de Marie
Mais
peut-οn dire que Marie, Notre-Dame des sept douleurs, fut préservée de
la douleur? Siméon, le jour de sa purification au Temple,
la bénit et ajoute: "Voici,
cet Enfant est destiné
à amener la chute et le relèvement
de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la
contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que
les pensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées" (Luc
II;34,35).
Pendant la Passiom de son Fils, sa douleur extrême concentra toute la
douleur de la création. Le Christ, librement, a pris sur Lui la
souffrance totale, elle, a subi le déchirement de la nature entière sous
le joug du péché. Pourtant,
elle engendre l'Enfant-Dieu sans péché, car les douleurs de
l'engendrement d'Eve sont nés de sa désobéissance, Marie l'Obéissante
ne pouvait ressentir de douleurs.
Une
méthode de respiration et de mouvements,
préconisée par la médecine moderne, aide la mère à
rejeter l'enfant sans douleurs; si j'osais le dire, et j'ose le
dire, le Christ a quitté les entrailles virginales, consciemment,
librement, poussé par l'Esprit.
Nous avons prononcé le mot:
consiemment. Jean-Baptiste était déjà conscient dans le sein
d'Elisabeth, ayant reconnu en Marie la Mère de Dieu, d'autres vivent
quasi inconsciemment jusqu'à
la deuxième naissance: la
mort, les troisièmes éveillent
leurs consciences progressivement. Le
Christ, dès Sa conception, possédait la plénitude de conscience.
Je vous étonne, peut-être, par ce que je vous annonce?
Eh bien! soyez étonnés, l'étonnemient
est le commencement de l'intelligence.
deux
économies divines
Sans douleurs ... car l'Incarnation du Verbe était prévue par le Conseil
Divin avant les temps; Marie était choisie par l'economie divine avant la
création. Dieu est devenu
fils d'une mère, en raison
d'un plan divin pré-établi et en raison de notre péché, afin de nous déifier
et de nous sauver, afin d'exalter notre nature et de nous racheter.
Le Credo confesse que le Christ est incarné du Saint-Esprit et de la
Vierge Marie pour nous
hommes (même si nous n'avions pas péché) et pour nοtre salut car nous
avons péché. C'est pour cela que la naissance du Christ
est en dehors de la
loi du monde dans le péché, tout
en étant né dans le monde du péché. Si
Marie a engendré sans
douleurs, le Christ n' a pas nοn plus gagné Son pain à "la sueur
de Sοn front". La malédiction
adamique n'avait point d'empire sur lui,
ni sur la Vierge.
Cependant, Il accepte progressivement la souffrance et le péché du
monde. La sueur de sang
couvre Son Visage à Gethsémani, et Il tombe épuisé sur le chemin du
calvaire.
"Nous savons que jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire
et souffre les douleurs de l'enfantement" écrit l'apôtre Paul
(Rom.VIII). Marie, Icône de
la création, se tenant près de la croix, soupire et souffre les douleurs
de l' enfantement du monde à
venir.
Marie;
notre Maître
En
contemplant la Toute Pure Mère de Dieu, notre regard ne peut enfermer de
suite les deux opposés, dirigeons-le, du moins vers cet antinomique
paysage: pureté-fécondité, virginité-creation.
Gonflée
de vie, en donnant la vie, Marie demeuré fermée. La puissance de cette
notion est telle qu'elle rétablit toute chose dans l'optique universelle;
détruit la crise perpétuelle de la conscience humaine et les fausses
doctrines: d'une part, crainte
de l'iupureté et, dautre part, crainte de la sécheresse stérile.
L'humanité se lance dans la fécondité de l'art, de la pensée, de la
prière, par appétit de puissance et, soudain, un autre courant surgit:
le désir de pureté, de retour sur soi, de fermeture des portes de
perfectionnement d'un point géοmétrique de notre âme, de ciselement
des termes
dans l'art et la vie
spirituelle.
Fermeture οu épanouissement, torrent οu tour orgueilleuse, va et vient
douloureux qui agite l'homme. Οù
est l'hérésie?
L'hérésie est de croire qu'en cette dialectique l'épanouissement se sépare
de la purification. Soyons
sans crainte! Si
nous n'oublions pas la réalité mariale, maternité intacte et
virginité féconde, si nous prenons la Toute Pure comme Maître,
si nous lui
confions nos problèmes, nous
éviterons les périls de mourir en quête de pureté οu de succomber
dans le désespoir de la fécondité
impure.
La Vierge nous donne la possibilité gracieuse de maîtriser peu à peu
ces adversaires, de devenir, en tant que nous le pourrons,
vierge et mére.
Le mystère de la Mère
de Dieu
Table
des Matières
|