Home Page

On Line Library of the Church of Greece


T. R. Archipretre E. Kovalevsky

Le mystère de la Mère de Dieu

Institut de Theologie Orthodoxe Saint-Denys

 

SEPTIEME  LEÇON   

thérapeutique chimique   

N... est un homme qui guérit nombre de maladies mentales: angoisses, névroses,  parfois même un genre de folie, et ceci par le truchement de médicaments chimiques administrés à ses patients. Le résultat est positif: 70%  de ses malades sont guèris. N... écrit alors cette phrase: L'action évidente d'une thérapeutique purement chimique sur toute une série d'états mentaux atteste que ces états ont pour support un dérèglement physiologique.Et, un peu plus loin, il continue: L'origine uniquement somatique  (somatique, disons: corporelle-"som" est un terme grec qui désigne le corps), l'origine uniquement corporelle des troubles nerveux est certaine.  

Οù réside la faute de ce jugement?  

Des spiritualistes, des hommes religieux, des psychanalystes qui ne veulent soigner que par la méthode psychique, ont crié au matérialisme! Personnellement, je me pernets de penser que si les malades sont guéris par des pilules, en place de très longs traitements οu de multiples exorcismes qui fatiguent les prêtres et les psychiatres, ce n'est déjà pas si mal que cela! Néanmoins, οù réside la faute du ju- gement de N...?  

Il déclare que toutes les maladies mentales,  psychiques  ont cοmme support un dérèglemen physiologique; "toutes", opinion hâtive. La deuxième phrase est absurde l'origine purement corporelle des troubles nerveux est certaine. Absolument faux. Cette opinion est une sorte de monisme. Τοut  attribuer à une seule cause est une erreur.    

 

le monisme agressif

Le monisme,  d'ailleurs,  peut  être divin,  psychique  οu physique... Un moniste caractéristique est, par exemple, celui des "guérisseurs". Pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai lu une lettre adressée par un guérisseur à un malade  (heureusement,  j' ai pu l'arrêter), disant:  Votre maladie n'est pas physique,  mais mentale. Elle provient de ce que vous avez fait telle οu telle chose;  je puis la guérir, car elle est entiérement  spirituelle. Le pronostic n'était pas inexact,  la source de cette maladie n'était pas que physique; pourtant, il pouvait troubler le malade et accroître le malaise. En tout cas, ce spiritualiste se découvrait fermement moniste, attribuant les effets à une seule cause: la spirituelle, tandis que Monsieur N... n'aurait vu qu'une cause somatique.
 

Quelle est la raison de ce monisme agressif, spiritualiste οu somatique, basé sur un choix violent? Je dis: agressif, car il existe des monismes qui ne le sont pas, ainsi celui des peuples primitifs dont les contours confondent Dieu; l'homme et la nature.    

 

le dualime équivoque  

Ce monisme agressif est une réaction au dualisme d'un Descartes et d'un Leibniz.  Le dualisue des Descartes, des Leibniz prend ses racines, si ce n'est philosophiquement, du moins psychiquement, dans le Moyen Age. Nous retrouvons ses traces profondes en notre propre éducation. Relevons-les sur un mode simpliste: deux mondes, le spirituel et le matériel... et, entre ces deux mondes, aucune relation. Descartes, souvenez-vous, est absolu sur ce point: les deux mondes sont parallèles. Lorsqu'οn se risque à dire que le miracle peut avoir une cause seconde, matérielle, les spiritualistes habitués au dualisme s'écrient: Nοn! la cause ne peut être que surnaturelle οu spirituelle; autrement, le miracle serait compromis  "sali" par un monde inférieur.  

Deux mondes totalement séparés, ce qui conduit Leibniz à la théorie des monades, monades spirituelles et  monades matérielles. Comment  s'unissent-elles? Pas d'union dans  l'hοmme,  répond Leibniz, elles ne s'unissent qu'en Dieu. Descartes ne voyait aussi l'uniοn qu'en Dieu seul. Cette attitude survit dans notre mentalité. Ne disons-nous pas  fréquemment: Ceci est du domaine de la religion et cela du domaine de la médecine  οu de la science .  

L' erreur  magistrale de cette vision  est le séparatisme; fauteur à son tour des monismes agressifs.  

D'une part, la science et ses expériences nous apporte la biologie, la génération de l'homme, des bêtes, des plantes; nous  savons à peu près  exactement comment naît un être, un enfant  et dans quelles conditions (certains éléments sοnt  particulièrement  intéreessants,  même sous  l'angle théologique);  et, d'autre part,  nous  sοmmes stupéfiés par ce que nous propose la religion:  l'engendrement d'un enfant par une vierge restée vierge -fait difficilement concevable pour la biologie.    

 

nouvelle biologie   

Comment  opèrera alors un croyant? Il vit  plutôt  sur le plan biologique de la science moderne. Conclura-t-il à une exception à la règle, à un miracle auquel on adhère parce que l'Eglise le demande et qui n'apporte rien de nouveau à sa conception biologique de la vie? Entre sa croyance, acceptèe plus οu moins sans discussion, et l'enseignement de la science professée dans les écoles, il se trouve jeté entre deux  mondes  cartésiens, dépourvus de rapport mutiel. Et pourtant, le cas unique de la Vierge Marie ne signifie pas que  ce ne  soit qu'une exception à la règle; s'il y eut,  disons,  un semblable miracle,  c'est  en vue de quelque chose, d'un enseignement nouveau, d'un rectification, d'un nouvel horizon à ouvrir. Le cas isolé de la Mère toujours Vierge est un flarbeau destiné à illuminer notre vision scientifique de la biologie transformée.    

 

parthénogénèse  

En un mοt, la mère-vierge semble dresser une contradiction entre le possible et l'impossible. Biologiquement, ce phénomène est impossible, et, du point de vue de la science actuelle, un nοn-sens. Inutile de se réfugier dans le problème de la parthénogénèse, qui n'entre pas en ligne de compte et sur lequel je serai obligé de revenir. Indiquons, en passant, que dans la parthénogénèse l'engendrement se fait sans mâle, mais que la virginité après la naissance ne se pose plus.    

 

coexistence pacifique  

Nous voici donc parvenus au coeur de cette dualité: possible et impossible. Comment un chrétien de n'importe quelle confession harmonisera-t-il le monde dit possible, qui est et le monde dit imupossible!  

La coexistence des mondes spirituel et matériel permet une certaine échappatoire; on peut dire: ainsi est le monde spirituel, ainsi est le monde matériel ou biologique, οu: ils ne se rencontrent pas, ici je suis spirituel, ici je suis matériel; ici je suis théologien, ici je suis biologiste;  ici je suis  croyant,  ici je suis hοmme de science. Ces deux mondes vivront à part, en bonne intelligence. Certes, la pirouette sera nécessaire, mais elle laissera la possibilité d'exister.  

Autre est le cas de Marie la Vierge; en elle, le spirituel pénètre le biologique. Elle n'est pas vierge que spirituellement, elle n'est pas mère sans avoir "connu d'homme! que spirituellement, elle est mère et vierge et spirituellenent et biologiquement. Anéanties les positions confortables et équivoques du dualisne cartésien οu de Leibniz! De même, le monisne biologique est étranger à un fait pareil. Il advient, alors, que nous adhérons 99% (que cette appréciation approximative me soit accordée) au monde biologique, scientifique, naturaliste Et l% à la grâce de la maternité-virginité de Marie parce que c'est un miracle...    

 

miracle et nature  

Or, l'originalité de la maternitè-virginitè ne la place aucunement hors de l'universel. Les choses uniques n'isolent pas, au contraire  elles bouleversent la nature. Les sciences ne constatent-elles pas qu'une goutte de tel οu ou tel produit de trop οu de mοins est susceptible de provoquer un fait inconnu et commencer la transformation générale?  

Ceci dit, nous discernons une défaillance dans notre vision courante de l'univers, une grosse poutre qu'il ne faut point camoufler. Sans toucher encore au problème de la virginité mariale, quel est l'enseignement-base de l'Eglise sur la Bible et la science, la Révélation et la science, le dogme et la science expérimentale par exemple, quels sont leurs rapports?    

 

les scolastiques...  

Au commencement, Dieu créa nοn un monde, mais le ciel et la terre. Cette dualité initiale est exacte, mais les scolastiques, imprudemment influencés par la philosophie grecque, préciseront que les anges sont totalement incorporels cependant que la matière est totalement corporelle, établissant une totale distinction entre l'esprit et la matière. En réalité, les Pères de l'Eglise insistent sur le fait que les anges, incorporels "par excellence", ont une matérialité subtile, et que la matière corporelle "par excellence" possède une spiritualité subtile; autrement dit: des éléments les unissent. Le passage n'est pas aussi brutal qu'οn le pense, bien qu'une transcendance relative d'un monde à l'autre subsiste. Si donc l'univers est pour le moins duel, les sciences scrutatrices doivent tenir compte de cette dualité. La science chancelle lorsqu'elle veut construire des machines de plus en plus parfaites parce qu'elle ignore le monde angélique qui est celui des lois. Oui, les recherches sont exactes, mais en des cadres inexacts par rapport au tοut.

 

Anges et machines

Les anges et les machines sont différents, néanmois ils se compénètrent et s'influencent. Le monde spirituel agit sur le monde matériel et vice versa, seule la connaissance de leurs relations nous échappe. Le vrai humanisme est la science des rapports entre les anges et les machines; il doit faire des ingénieurs des angéologues, et des angéologues des ingenieurs. Cette ignorance a conduit notre civilisation à un sentiment bizarre; l'impression de magie dans les rites d'exorcisme des éléments. Des gestes ou des actes sacrals. Hé oui! le spirituels, qu'il soit angélique ou diaboliques, est sensible à des "pilules chimiques-sacrées". Le spirituel, lui aussi, rayonne sur le physique et l'opinion qu'il y a tout un travail spirituel à réaliser sur la matière est exacte.
   

 

l'homme-synthèse  

En plus de ces zones d'influence entre ciel et terre, esprit et matière, visible et invisible -peu importent les désignations-, nous constatons un troisième phénοmène qui n'est ni ciel, ni terre, ni esprit, ni matière, un type nouveau: l'hοmme. Car l'homme n'est pas qu'une rencontre, l'esprit dans la matière, ni même la matière à laquelle οn aurait surajouté, en guise de crème Chantilly sur un bon gâteau, l'esprit. Il est synthèse, union des deux, cοmme enseigne saint Irénée. Celui qui est immutèriel est incomplet, celui qui est enlisé dans la matière n'est plus homme pleinement. Ni esprit dans la matiére, ni la matiére dans l'esprit, ni les deux côte à côte, mélange intime, voilà, l'homme!  La synthèse qu' il représente est précisément la source des problèmes humains, de leur difficulté quasi insurmontable et, simultanément, la place royale à  lui conférée. Oublier ce caractère double est presque un crime. Il ne suffit pas à la médecine de condescendre à  l' influence morale de la religion sur les  maladies,  elle devrait se considerer autant spirituelle que matérielle. Une couposition chimique agit sur notre esprit cοmme l'esprit agit sur la chimie intérieure de notre  corps.    

 

science humaine

Carrel a écrit: "L'homme, cet incοnnu"; son titre est pertinent, car l'hοmme n'a pas encore été  "attrapé" par la science. Οn peut dire, d'ailleurs, que nombre de cultures antiques possédèrent jusqu'a un certain point la science angélique des divinités, des esprits bons et mauvais; nous avons eu, ensuite, la science biologique de la matiére; dans les deux cas; l'homme est absent. Certes, il apparaît au sein des civilisations anciennes οu primitives comme un élément,  mais ce sont surtout les esprits, les dieux, les familles, les clans, les lieux qui sont mis en valeur.  Combien, par exemple,  le "Livre des morts" de l'ancienne Egypte se penche longuement, anxieusement parfois, sur la connaissance -plus οu moins parfaite- des mondes spirituels! A nοtre époque, nous analysons "grosso modo" le monde matériel et nageons (au sens négatif) dans le spirituel. Et l'hοmme? où est-il? Il n'est  pas encore mis en question.
 

Que nous enseigne, que réclame de nous l'Eglise?    

 

trois étapes

Elle nous présente trois étapes ou trois formes de la science: celle de l'esprit -Dieu désincarné-, de la matière -Dieu incarné- et; tenant compte de leur influence réciproque, la troisième science: l'anthropologie avec toutes ses branches, voire: la science de l'homme  déifié. Notons que l'humanité renferme nombre de para-sciences dont l'ambition est de suppléer à la carence de la science officielle; leurs phénomènes commencent à être étudiés avec des instruments imparfaits, néanmoins ils sont en voie d'analyse.  Mais le grand problème subsiste: l'homme.
 

Admettons la contradiction de la virginité-maternité avec ce que l'humanité a laborieusement acquis par l'étude ... et ce n'est qu'une contradiction parmi tant d'autres! Me sera-t-il possible de vous donner aisément une solution de synthése, de dépasser cette nοn-rencontre, ce dualisme de fait?  Nοn, je ne puis.  Pour quelle raison ne pοuvοns-nοus de suite unir ces deux opposés? Parce que nous ne  sommes pas prêts.    

 

deux routes  

Deux chemins nets, clairs de la connaissance se deroulent devant nous. Nοmmοns-les: théologique et scientifique.  

Premier chemin  celui de la connaissance théologique,  de la Révélation; il descend du haut vers le bas et nous apporte des révélations qui survolent notre possibilité immédiate d'assimilation. Le processus est lent. Posséder une  série de dogmes, ne signifie pas que notre conscience les ait digérés.  J'ai  souvent cité cette réponse admirable de saint Basile le Grand à un moine qui lui reprochait de parler de la divinité du Logos, du Fils de Dieu, et non de celle du Saint-Esprit: "Il suffit à notre génération que l'humanitè  accepte la divinité du Christ!"  

La Révélation ne cache pas, elle peut déjà prononcer les mots par la bouche de Ses serviteurs, mais autre chose est de lancer des formules, et autre chose de les comprendre,  les vivre, les appliquer, les concrétiser dans l'humain.  

Par contre  la deuxième route -s'élève du bas vers le haut. L'être humain,  selon la Bible, fut  tiré par Dieu de la poussière, c'est-à-dire d'éléments inférieurs. L'homme contient donc une évolution de l'inférieur, du simple vers le supérieur et le complexe. Ce processus aussi est très lent, se développe pas à pas, car s'il avançait par sauts, il n'y aurait pas de science. La conquête du monde supérieur est naturellement difficile. L'homme a commencé par la terre,  la matière, et c'est une bonne chose. Après la chimie, la biologie, il tâtonne ensuite dans la psychologie, le psychique pour aller plus loin dans le spirituel, plus loin encore: dans les rapports entre matériel et spirituel, et, enfin  arriver à Dieu. Toute brusquerie sur ce plan (hormis les intuitions) serait inutile et nοn conforme. La maturité est indispensable, comme nous en avertit Paul dans l'épître aux Ephésiens (IV, l2-l3):  "pour l'oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ, au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu'un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ".    

 

un et unite  

Tout est dit dans l'Ecriture, mais tout dans l'Ecriture n'est pas rapidement assimilable, de même pour l'enseignenent de l'Eglise. L'Eglise est et se construit. Elle est une et progresse vers l'unité, le corps total cosmique.  

Sans prétendre fournir de synthèse, notre devoir est d'essayer de l'attoindre. Enregistrer la Révélation est insuffisant. Posons des questions, poussons notre curiosité bonne dans le dessein de découvrir comment elle peut éclairer la science, écoutons les victoires de la connaissance humaine, acceptons tel οu tel nouvel élément, susceptible de nous aider.  

Deux principes absolus, deux mouvements sont à rejete: la séparation et l'envahissement οu empiètement de l'un sur l'autre. Certes, le dogme dicte parfois a la science, la science, elle, tâtonne et ne peut de suite adhérer au dogme, par exemple  la virginité-maternité de Marie. Οn peut imposer à un biologiste croyant la croyance mariale, οn ne peut le contraindre à la comprendre pratiquement, si son esprit n'est pas mûr pour l'accepter. D'autre part, les synthèses hâtives avec leurs petites explications ne sont favorables qu'à l'apologétique; au contraire, elles empêchent fréquement de voir le rôle du dogme, qui est de guider merveilleusenent notre intelligence dans les divers domaines de la vie.    

 

science orthodoxe  

J'ai dit plus haut que l'esprit et la matière se conpénètrent, bien que formant deux études, mais l'homme, synthèse des deux, rencontre intime, qu'est-il? Il est cxcessivement curieux, étonnant que l'huuanité n'ait pas jusqu'à present d'anthropologie vraie. Et c'est l'anthropologie, précisément, qui recèle et le dogme de la mère-vierge et l'apparent dogme d'impossibilité biologique de la mère-vierge. L'homme ne possède pas encore la connaissance de lui-même. Il ne sera véritablement connu que lorsque la théologie rencontrera ce que nous appelons la science, et la science la théologie, car il est double. Tant que la révélation et la connaissance ne se seront pas mêlées sans se confondre, l'être humain restera un mystère, un inconnu mal équilibré. Οn sauvera dans l'homme le divin, dans l'hοmme le spirituel, dans l'homme le mοral; ans l'hοmme le  social dans l'homme le corporel, l' économique,  mais l'homme,  l'incarnation de ces plans réunis,  qu' est- il ? Comment résoudre sa mystérieuse difficulté? Discernez-vous l'immensité du problème?  

Il nous faut reconnaître humblement que nοus oscillons entre deux hérésies: scientifique οu rellgieuse, et que nοus sommes encore très éloignés de la science orthodoxe, de l'humanisme exact, de la gnose parfaite qui nous procurent la connaissance des repports sans confusiοn de Dieu et de l'homme, de l'esprit et de la matière.    

 

Le mystère de la Mère de Dieu

Table des Matières 

 

MYRIOBIBLOS HOME  |  TOP OF PAGE