On Line Library of the Church of Greece |
T. R. Archipretre E. Kovalevsky Le mystère de la Mère de Dieu Institut de Theologie Orthodoxe Saint-Denys SIXIEME
LEÇON au-delà
des sexes Loin
de nous la pensée impie que le sexe masculin est plus proche de la
Divinité que le féminin! de cette Divinité transcendant toute
opposition, comparaison οu dualité. Pourquoi alors Dieu se plait-Il à
Se nommer Pére et nοn mère, Fils et nοn fille? C'est afin de bien
incruster en notre intellect que dans les Personnes divines, il n'est ni
subissement, ni passivité. Les qualificatifs féminins suggèrent inévitablement
un "subi" οu un "passif". Si
le Fils et l'Esprit Se donnent, Se livrent, Ils Se donnent et Se livrent
librement, souverainement et activement. "Il
fut livré, οu plutôt, Se livra librement pour la vie de tous".
"Jette Τοn regard, Seigneur, sur cette famille pour laquelle Τοn
Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, n'a pas hésité à Se livrer aux
mains des néchants et à subir le supplice de la croix", précisent
les textes liturgiques. rien
de passif dans l'Esprit L'Esprit
Saint pénètre tout, scrute tout, même les profondeurs divines. Il ne
subit pas, Il fait subir en tant que Donateur de la grâce, Il procure
l'être, le mouvement, l'evοlution, la vie, la perfection. la
paternité maternelle Lorsque
nous annonçons avec le Psalmiste, à la fête de Noël, "Avant
l'aurore, Je Τ'ai engendré ... Τu es mon Fils", nous confessons
audacieusement que le Père est enceint de Son Fils, pré-éternellement.
Ecoutons aussi le Christ: "Je suis dans mon Père" et, afin que
nous ne demeurions pas appesantis par la vision charnelle, mais que nous
la dépassions, Il ajoute:
"le Père est
en Moi". Le Père
n'a pas besoin d'une mère
comme intermédiaire pour engendrer Son Fils;
seul, Lui, Principe sans principe, Source, Abîme nori manifesté
possède Son Unique. Laissez-mοi
dire ouvertement: Dieu n'est pas une mère, Il est Père, mais Sa,
paternité est maternelle. le
Nourricier Et
que dire du Fils! Est-ce l'homme qui nourrit son enfant? Nοn, c'est la mère
qui allaite le nouveau-né; de même, le Christ nous allaite par Sa propre
chair, Son propre Sang, Sa nature divine dans le mystère eucharistique.
"Venez-moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, Je vous
soulagerai, car Je suis doux et humble de coeur"; ne sont-ce point
des paroles de tendresse maternelle? Pleurant
sur Jérusalem, Il se compare à une poule qui veut rasseubler ses petits
sous ses ailes. la
Couveuse Et
que dire du Saint Esprit en Qui réside la
plénitude de la divinité, en Qui demeurent le Pèτe et le Fils, et
Qui, semblable à une
couveuse, plane sur les eaux, réchauffe le monde et lui procuτe la vie
et la vigueur ... "IL
- transcendant, "ELLE"
- imanente S'il
nous est permis d'employer un langage sommaire, grossier, contenant quand
même une analogie approximative, nous dirons: Dieu en Soi est Il, dans Sa
manifestation Il est Elle; et, pοussant le paradoxe a la limite: Il est
transcendant, Elle est immanente. Cela suffit pour amollir la dureté de
notre langage. Quand
nous proclamons que Dieu est notre "Père" et la
nature-Marie est notre "Mère" nous n'opposons pas
brutalement deux sexes, mais désignons dans leur comparaison un symbole débordé
par la réalité, qui indique plus qu' il n'exprime. le
double fil, rouge et noir le
Christ - Psychanalyste:
Le
Verbe, notre Libérateur et Rédempteur, né de la Toute Sainte Pure
Vierge Marie, est venu parmi nous pour exalter la Mère divine, la libérer,
la racheter et à travers elle le monde, de la mère de la mort. Des
paroles d'extrême violence à l'égard de la famille et du milieu sont
prononcées par le Christ: "Celui qui ne hait pas son père et sa mère,
n'est pas digne de Moi". Pourquoi un mot aussi cruel que
"haine" dans la bouche de Celui qui est l'amour total et
parfait? Parce que l'instinct de la mort possessive, étouffant,
englobant, est si sapant, si profondément enraciné dans le subconscient
humain qu'il faut l'arracher impitoyablement. La haine du père et de la mère
n'est pas la haine du père source de vie, ni de la mère donatrice de la
vie, mais du père meurtrier et de la mère tombeau. Remarquable
est la pédagogie amoureuse dy Fils de l'homme vis-à-vis de Sa mère. Jésus
libère et préserve Marie de la tentation de glisser dans la maternité
accaparante. Aucune mortelle haleine, la moindre fut-elle, ne doit la
salir. A douze ans, dans le temple, Il la libère et la préserve aux
noces de Cana, Il la libère et la préserve lorsque la femme s'écrie:
Bienheureuse celle dont les mamelles T'ont allaité! Il la libère et la
préserve du complexe maternel, mais
exalte en elle la Mère de Dieu. Il l'honore par son obéissance, la
suivant lorsqu'elle vient Le chercher dans le temple,
accédant à son désir et
accomplissant son premier
miracle, à Cana. Il
l'appelle bienheureuse quand Il répond à la femme: Bienheureux plutôt
celui qui écoute Ma parole et la garde. Ainsi, le Christ apparaît comme
notre Rédempteur, Libérateur et unique Psychanalyste. L'icône
de la "Mère de Dieu Les
icônes de la Vierge, peintes selon la tradition, grecque, russe,
catalane, syrienne, etc.... et inspirées par une mariologie orthodoxe,
incarnent les rapports authentiques de Jésus et de Marie. L'enfant n'est
pas un pοupοn, un bébé nu que la maman embrasse en le caressant; Jésus
sera un enfant, certes, mais avec une personnalité accomplie dans son
regard, son attitude, son vêtement. Il manifestera une tendresse filiale
envers Sa mère, tout en la bénissant et la protégeant délicatement. La
tête inclinée de Marie est un geste maternel et adorateur. D'une main,
elle Le soutiendra, de l'autre elle Le priera. Nous trouverons quantité
d'interprétations, aussi bien par le style que par la composition, dans
les icônes mariales; toutes souligneront l'indépendance du Fils de Sa Mère,
parce que le Fils est Dieu,
sans doute, mais aussi parce que l'icône représente une Mère pure et un
Fils sans péché. Le mystère de la Mère de Dieu |