Jean-Claude Larchet
La question du Filioque
À PROPOS DE LA RÉCENTE «CLARIFICATION» DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UΝITÉ DES CHRÉTIENS
Tirée de "Theologia" vol. 70 , No 4, Athènes 1999
1. Prologue
Dans son homélie du 29 Juin 1995 dans la basilique Saint-Pierre de Rome, en présence du patriarche de Constantinople Bartholomée 1er, le pape Jean-Paul II a exprimé le désir que soit clarifiée «la doctrine traditionnelle du Filioque, présent dans la version liturgique du Credo latin, pour pouvoir mettre en lumière sa complète harmonie avec ce que le concile oecuménique de Constantinople, en 381, confesse dans son Symbole: le Père comme source de la Trinité, seule origine du Fils et du Saint-Esprit». Le 13 septembre de la même année, le «Conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens» répondait à ce désir en publiant dans l'Observatore romano une «Clarification» intitulée «Les traditions grecque et latine concernant la procession du Saint-Esprit» (texte traduit dans La documentation catholique n° 2125 du 5 Novembre 1995, p. 941-945).
Ce texte a suscité l'enthousiasme et l'adhésion immédiate de théologiens orthodoxes réputés proches des positions latines. La Documentation catholique (n° 2130 du 21 Janvier 1996, p. 89-90) s'est empressée de publier, sous le titre «Vers une vision commune du Mystère trinitaire», les réflexions du Ρ. Boris Bobrinskoy, οù, bien que faisant part de quelques réserves, il affirme: «Lisant ces lignes, on pourrait s'étonner que la question reste encore posée d'un désaccord dogmatique entre nos Églises» (p. 89). Dans son «Liminaire» de la revue Contacts (48, 1er trimestre 1996, p. 2-4), Ο. Clément considère, à propos de la «Clarification» vaticane que «cette, note, admirablement argumentée, pourrait bien marquer la fin de la querelle du Filioque» (p.2) et affirme: «Nous pouvons maintenant comprendre le Filioque dans la perspective de l'Église indivise!» (p. 3).
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