R.P. Boris Bobrinskoy
Bref Apercu de la Querelle des Images
5. Le Triomphe de l'Orthodoxie
La victoire définitive de l'Orthodoxie ne fut effective qu'après la mort de Théophile, lorsque sa veuve Τhéodora assuma la régence. Sous le patriarche Methode, l'un des confesseurs de la foi, un concile rétablit définitivement en 842 à Constantinople le culte des images en réaffirmant les décisions promulguées par le Concile de Nicée; il jeta également l'anathème contre les iconoclastes. Le premier dimanche de Carême, le 11 mars 843, fut proclamé à Ste Sophie le rétablissement du culte des images. Depuis lors, l'Eglise commémore chaque année en ce jour «le Triomphe de l'Orthodoxie» sur les iconoclastes, en même temps que sur les hérésies anterieures.
Voici, tiré de l'Offιce du a Dimanche de 1'Orthodoxie» un chant dû a la plume de Théophane le Marqué, confesseur de la foi sous Leon V:
«Gardant les lois de l'Eglise observées par nos pères, nous peignons les images, nous les vénérοns de notre bouche, de notre cœur, de notre vοlοnté, celles du Christ et de tous les saints. L'honneur et 1a vénération adressés à l'image remontent au prototype: c'est la doctrine des Péres inspirés de Dieu, c'est celle que nous suivons...» (chant 6 du canοn des matines).
Le kontakion de ce dimanche, écrit certainement par un contemporain, est encore plus caractéristique et plus riche de substance dogmatique:
«Le Verbe indescriptible du Pére s'est fait descriptible,
«Εn s'incarnant de Toi, ô Mère de Dieu;
« Et, ayant rétabli l'image souillée dans son antique dignité,
«Ιl l'unit à la beauté divine.
«Et confessant le salut, nous représentons cela par l'action et la parole» (24).
Ce kontakion adressé à la Mère de Dieu est plus explicite à la lecture du raisonnement suivant de S.Théodore Studite qui fonde précisément la representation du Dieu-Homme sur l'humanité représentable de Sa Mére:
«Puisque le Christ est né du Père Indescriptible, Ιl ne peut avoir d'image... Mais du moment que le Christ est né d'une Mère descriptible, Ιl a naturellement une image qui correspond à celle de Sa Mère. Et s'Ιl ne pouvait être représenté par l'art, cela vοudrait dire qu'Ιl est né seulement du Père et ne S'est pas incarné. Mais ceci est contraire à toute l'économie divine de notre salut» (25).
NOTES
24. La traduction franηaise de ce kontakion est empruntιe ΰ l'ouvrage de L. Ouspensky, P. 180.
25. S. Thιodore le Studite, 3e rιfutation, ch. 2. P.G. XCIX, cοl. 417 C.
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