Boris Bobriskoy
Le Message de l'Orthodoxie en Cette Fin de Millenaire
SOP 207, Avril 1996, pp. 32-37
"Une Eglise qui s'oublie elle-même"
L'Egiise est le Corps du Christ, l' Epouse du Christ. Dans le foi chrétienne, l' Eglise n'est pas une institution autonome. Dans son essai magistral "Le Corps du Christ vivant" (in La Sainte Eglise Universelle : confrontation oecuménique, Neuchâtel-Paris, 1948), le père Georges Florovsky disait que l'ecclésiologie n'a pas d' autonomie propre. Elle est une partie de la christologie, une partie du mystère du Christ et du salut. Elle est une parenthèse entre les deux venues du Christ. Lorsque l' Eglise célèbre l'Eucharistie, les deux parousies se rejoignent dans la présence eucharistique du Christ, la présence de Celui qui est, qui etait et qui vient. L' Eglise est là, comme porteuse de l' Esprit. Pour bien cerner le mystère de l' Eglise, j'aimerais rappeler le mot du père Congar au concile de Vatican II : "L' Eglise est servante et pauvre", à l' image de son Chef, porteur de l' Esprit et source de l' Eau vive. L' Eglise, je parle ici pour l' orthodoxie, s'oublie elle-même, ne cherche pas à se definir ni à s' installer, ne joue pas avec ses titres. Elle se doit d' être transparente à la fois à Dieu et au monde. Transparente comme le prêtre qui célèbre l' eucharistie, in Persona Christi comme dit la théologie latine, icône du Christ, comme nous le disons. II s'efface pour laisser entendre parler le Christ dans ses paroles de l' institution, dans l' invocation du Saint-Esprit, dans la prédication évangélique. Transparence à Dieu dans laquelle l' Eglise intercède pour le monde entier, car elle est là pour continuer l'oeuvre du Christ pour le salut du monde. D' autre part, elle est transparente aux hommes et leur communique la grâce de Dieu. LEglise se place dans une double médiation d' intercession et de grâce.
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