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Boris Bobriskoy

Le Message de l'Orthodoxie en Cette Fin de Millenaire

SOP 207, Avril 1996, pp. 32-37


Un message qui doit rester transparent

Tout cela est important pour dessiner le visage de l'orthodoxie, pour comprendre son langage, parce que l'Eglise hérite de la divino-humanité du Christ, en tant que Corps dont il est la Tête et en tant qu'Epouse dont il est l'Epoux. Le message de salut et de vie divine doit nécessairement s' incarner dans des structures de langage, de pensée, de sensibilité spirituelle ou esthétique des époques et des lieux. II s' est incarné dans le judéo-christianisme et l'hellenisme naissant; il a surmonté les tentations de l'hellenisme platonisant ou de la Rome païenne, plus tard il a relevé le défi des pays slaves, de l'africanité et enfin de la modernité. Partout l'Eglise a eu des apôtres, des prophètes, des temoins de l'Evangile. [...] Ainsi le message de l' Evangile s' incarne et se revêt d' une robe bariolée de cultures et d' art mais demeure et doit demeurer un et transparent quant à l'essentiel, comme les icônes et l'iconostase qui doivent laisser transparaître la gloire du Royaume et non masquer les coulisses d'un mauvais théâtre.

II faut décaper l'orthodoxie pour atteindre l'essentiel. Décaper quoi ? Préserver quoi ? Les dogmes ? Les dogmes ne sont que des garde-fous necessaires qui nous protègent des excès et des folies de droite et de gauche, mais qui ne définissent ni n'epuisent le mystère. Rappelons les affirmations du concile oecuménique de Chalcédoine en 451, à savoir que dans l'unité de l'hypostase de la personne du Christ s'unissent inséparablement et indivisiblement, sans confusion et sans mélange, la divinité et l'humanité. Ce sont des acquis pour toujours de la conscience et de la foi de l'Eglise. Les rites liturgiques ou l'icône sont des langages sacramentels. En tant que tels ils sont divino-humains et nous introduisent dans une participation au mystère du salut bien au-delà et bien en-deça du langage verbal et conceptuel. [...] Les sacrements sont des icônes, des icônes gestuelles, matérielles, verbales, artistiques, qui toutes renvoient à la présence mystérieuse et toujours ineffable du Verbe incarné dans la puissance de l'Esprit Saint. Ces sacrements, au- delà du Verbe, nous ramènent vers le Père, selon les gemissements de l'Esprit, également attestés par saint Ignace d'Antioche : "II y a en moi une eau vive qui murmure: 'Viens vers le Père'".

Lorsque nous parlons du message de l'horthodoxie, nous ne pouvons pas faire abstraction du symbole et du sacrement, comme en seraient tentés certains mouvements soi-disant spirituels chrétiens modernes. Car l'homme est Iui-même un être symbolique et sacramentel (et collégial), par nature et par vocation. Pourtant ne faisons pas de l'icône ou de la littérature liturgique une arme totalitaire niant la créativité naturelle de l' homme. Nous rappelons toujours, et il faut le faire, la spécificité de l'icône par rapport à l'art religieux, la spécificité du dogme divino-humain par rapport à la pensée religieuse, par rapport à l'effort toujours renouvelé de la pensée humaine pour cerner quelque chose du mystère. Mais cela n'abolit pas la légitimité de l'art dans son élan créateur le plus intime, n'abolit pas la légitimité de la pensee litteraire, philosophique, poétique, dans sa quête de la beauteé et de l'absolu, dans son apparente autonomie que Dieu lui-même respecte. [...]

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