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Hamilcar S. Alivisatos

L'état du Mont Athos

Théologia, 36, Athènes 1965, p. 39-52.


Partie 2

Et maintenant permettez-moi de vous dire en peu de mots quel est l'état actuel du Mont Athos. Ce sujet m'a été proposé pour une plus sûre comparaison entre l'état existant aujourd'hui et celui d'autrefois.

Vous pensez bien qu'il est extrêmement difficile de décrire avec exactitude l'état actuel de l'Athos sans encourir le danger de malentendus et de désillusions sur des personnes et sur des faits et sans donner peut-être de prise à d'injustes jugements.

Cette difficulté est accrue par la bibliographie contemporaine sur le Mont Athos qui, s'appliquant surtout à présenter par de moyens techniques vraiment parfaits, les beautés naturelles superbes et les trésors artistiques de l'Athos et de donner des illustrations sur la vie monastique dans sa forme particulière, n'approfondit point ses recherches sur la présentation de la vie spirituelle intérieure, difficile à être perçue par les touristes ordinaires et inabordable aux visiteurs de passage qui ne peuvent ressentir qu'un intérêt extérieur limité.

Malgré les trésors superbes du passé, présentés par l'appareil photographique, combien d'autres n'échappent-ils pas, cachés comme par un voile de brouillard dans la demi obscurité des sombres églises et des chapelles byzantines, à peine aperçus à travers le nuage épais de l'encens qui flotte continuellement dans les enceintes sacrées, aux heures même où aucun office sacré n'est célébré.

Nous appuyant sur certaines observations extérieures et sur des indices fugitifs, nous énonçons à la légère des opinions sur l'état actuel de la vie monastique de l'Athos et de l'Eglise Orthodoxe en général.

L'argument le plus fréquent sur la décadence de la vie monastique de l'Athos, c'est le nombre statistique de ses moines qui, sans doute, présente aujourd'hui une diminution frappante, surtout si on le compare à celui d'époques antérieures, peu éloignées même de la nôtre. Mais cet argument positif, ainsi que d'autres observations bien correctes en elles-mêmes sur l'état actuel du Mont Athos ne constituent pas un critérium suffisant pour juger de la question. Car, en premier lieu, la vie monastique de l'Athos, sauf dans certains de ses détails, ne doit pas être examinée séparément de celle de l'Eglise Orthodoxe en général et surtout de celle de l'Eglise hellénique.

On sait que dans l'Église Orthodoxe un seul ordre monastique existe, celui de Saint Basile. C'est pour cela que l'idéal monastique est le même partout où il apparaît et où on le cultive.

Cet idéal consiste, d'une part, de la volonté inflexible et sévère d'observer sans dévier les trois vertus monacales, la virginité, la pauvreté et l'obéissance et, de l'autre, de la communion mystique avec Dieu, de qui seul dépend le don de persévérance et de patience pour l'observance de ces trois vertus et de communion avec Lui par la prière simple, mais continus de «Kyrie eleison», pour demander le «Μέγα "Ελεος» (la grande miséricorde divine pour la rémission des péchés et 1' assurance d'être reçu dans le royaume de Dieu). Cet idéal monastique, toujours le même n'a jamais cessé d'exister et continue jusqu'à présent à être poursuivi, fut-elle grande ou petite, -cultivée ou sans culture et naïve, par la fraternité monastique qui y aspire. Aucune décadence ne peut trouver de place dans cette poursuite, à moins qu'il ne s’agisse d'une dégénérescence de l'idéal. Or, une simple visite dans un centre monastique quelconque suffit pour constater que cet idéal subsiste intact et inaltérable.

Les monastères, comme vous savez, ne sont rien d'autre que de retraites pour la poursuite de cet idéal. Ils sont, par conséquent, des lieux de recueillement et de prière pour la rémission des péchés de celui qui prie, mais aussi pour le pardon des iniquités du peuple qui se trouve hors de leurs enceintes sacrées. Or, les monastères du Mont Athos, ainsi que tous les monastères de l'Eglise Orthodoxe, soient-ils grands ou petits, pauvres ou riches, centres de spiritualité ou de foi naïve, n'ont jamais cessé d'avoir ce caractère, et aucun changement extérieur n'est venu altérer leur nature inchangeable, caractérisée par la qualité de leur fidélité, plus ou moins grande, à cet idéal.

Si, au cours des siècles, divers monastères, tant en Occident qu' on Orient, surtout pendant le Moyen Age, se développèrent et devinrent de centres théologiques importants, ce fait, bien qu'en soi d'une importance capitale pour l'Eglise, ne constitue pas un élément essentiel de la vie monastique et il ne faut pas le considérer comme un signe de grandeur de l'idéal monastique, car cet élément développé ultérieurement, n'est pas indispensable pour former et encore moins pour maintenir dans sa vigueur l'idéal monastique. Si un moine, à côté de ses vertus monacales et de ses méditations, cultive aussi la science théologique et se hausse à des sphères supérieures et parfois aux plus hauts sommets du savoir scientifique, soit théologique, soit profane, tant mieux pour lui. Mais si tel n'est point le cas, sa perfection monacale pourvue qu'elle existe, n'est nullement amoindrie. Tandis qu'au contraire on pourrait considérer comme un signe de dégénérescence de l'idéal monastique, l'élévation intellectuelle et scientifique, atteinte au dépens de cet idéal et menant à son amoindrissement.

Les jugements donc portés sur la décadence de la vie monastique sont inexacts et sans fondement, s'ils ne se rapportent qu'à des signes extérieurs, tandis qu'il ne faudrait faire attention qu'à l'observance et à la pureté de l'idéal monastique.

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